12 Years a Slave

Titre : 12 Years a Slave
Réalisateur : Steve McQueen II
Sortie : 2013
Cast : Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Benedict Cumberbatch, Sarah Paulson, Alfre Woodard, Paul Giamatti, Lupita Nyong’o, Brad Pitt…

12 Years a Slave est un film de Steve McQueen II, adaptant le roman du même nom de Solomon Northup. C’est l’histoire de l’auteur, un homme libre de l’état de New York en 1841. Sa vie bascule le jour où il accepte un travail temporaire de musicien proposé par deux artistes. Il se fait enlever et est vendu en tant qu’esclave en Nouvelle Orléans. Dans cet état, impossible en tant qu’homme noir, de faire entendre raison aux esclavagistes. Des années de calvaires commencent alors pour Solomon… On a beaucoup entendu parler du film en termes élogieux et pour sa course aux Oscars 2014 bien entamée. Est-ce donc un film absolument incontournable ?

12yearsaslave1

12 Years a Slave est un de ces énièmes films qui traitent de l’esclavage aux États-Unis. Et comme la multitude de films sur le sujet, il faisait face à un premier défaut à éviter : le manichéisme. Oui, il est très facile de dresser le portrait des horribles esclavagistes face aux gentils esclaves. Ce premier obstacle a heureusement été surmonté avec brio par le film. Et c’est d’ailleurs l’un des deux plus gros compliments que j’ai à lui faire. En effet, il se trouve que chaque personnage ressort comme unique en son genre. On sent que leurs portraits ont été créés et réfléchis de manière individuelle, de façon à leur façonner un caractère et des caractéristiques différents à chaque fois. On a donc affaire à une galerie de personnages variés et aux facettes et motivations différentes.

De plus, chacun des personnages en question est nuancé : on n’a pas de « méchants » face aux « gentils », puisque comme déjà dit, personne n’entre dans un moule particulier. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura pas le tyran sadique de première, ou l’homme admirablement bon dans un contexte improbable, mais c’est toujours crédible et délivré avec une certaine complexité. En fait, Solomon résume parfaitement les choses lorsqu’il déclare à propos de William Ford, un esclavagiste bienveillant, (mais toujours esclavagiste), qu’il est le meilleur qu’il puisse être étant donné le contexte historique et social dans lequel il a grandi. Il est impossible de nier que qu’il existait des esclavagistes cruels, et oui, le film l’utilise pour certains personnages. Mais cela ne devrait pas porter préjudice à l’admirable nuance dont le scénariste et le réalisateur ont fait preuve tout du long.

12yearsaslave2

Il faut dire que cette nuance est renforcée par une belle brochette d’acteurs talentueux et convaincants. Ils font tous un travail absolument admirable, à commencer par Chiwetel Ejiofor et Lupita Nyong’o, qui traduisent bien les différents états d’esprit qu’ont les esclaves à l’écran, et qui rendent des scènes déjà très directes dans la réalisation, encore plus frappantes grâce à leur interprétation brute et poignante. Mais j’ai surtout envie de saluer le travail d’un Michael Fassbender métamorphosé, qui fait froid dans le dos et que je n’avais jamais vu dans un tel rôle (excusez-moi, je n’ai vu qu’une petite partie de sa filmographie, mais je ne doute pas le moins du monde de l’étendue de son talent après ce film, sachant qu’il avait déjà réussi à me convaincre avec X-Men: First Class de toute façon).  Et il ne faudrait pas négliger une Sarah Paulson (American Horror Story) qui délivre aussi son lot de scènes choc (d’ailleurs, je suis contente de voir que le réalisateur n’a pas hésité à faire appel à des acteurs connus du petit écran, pour que leur talent soit exposé sur grand écran !). Tous ces beaux noms permettent en tout cas de démontrer encore une fois l’absurdité et l’inhumanité de l’esclavage de manière efficace.

Et comme je l’ai dit, le ton est très abrupt. De ce fait, plusieurs scènes sont extrêmement violentes, que ce soit par les mots ou par les actes. Je vois régulièrement des choses violentes dans les séries que je regarde, mais j’avoue avoir détourné les yeux dans une scène de torture. On y croit vraiment, et si on entre en empathie avec les personnages, on souffre pour eux. Comme quoi, même en traitant d’un sujet déjà rebattu de nombreuses fois, le film permet d’y apporter un regard supplémentaire. Cela dit, malgré tous ces éloges, je dois vous avouer que je ne pense pas que ce soit un film incontournable. Il est pour commencer très long, et plusieurs scènes auraient sérieusement pu être raccourcies, voire supprimées. Attention, cela ne veut pas dire que l’on s’ennuie pour autant. C’est peut-être paradoxal, mais je n’ai pas eu l’impression de perdre du temps. Pourtant, oui, je trouve que le film traîne trop en longueur. De plus, l’exercice a été délivré de manière tellement directe que lors de la scène finale, qui nous sort de l’horreur, je n’ai absolument pas été touchée. Je n’ai pas été émue du tout par cette fin que j’ai trouvée pour le coup bien plus scolaire et mécanique que le reste du film. C’est un peu décevant, sachant que c’est censé être l’apogée du film. Mais peut-être est-ce mon côté insensible qui a parlé ? En tout cas, j’ai trouvé cela dommage.

Michael Fassbender et Sarah Paulson sont vraiment les stars de chacune de leur scène !
Michael Fassbender et Sarah Paulson sont vraiment les stars de chacune de leurs scènes !

Conclusion : 12 Years a Slave est un film extrêmement solide sur un sujet grave. Il est servi par une réalisation violente qui frappe juste, et des acteurs absolument excellents pour porter des rôles crédibles et variés. Cependant, il est aussi trop long, à cause de plusieurs scènes qui auraient été meilleures avec une durée plus courte. Il m’est aussi malheureusement d’avis que la conclusion manque son virage avec un ton plus forcé, plus aseptisé, plus adapté à Hollywood pour faire pleurer le public : chez moi, ce parti pris n’a pas pris, d’autant plus que le ton violent dominait le reste du film.

Note : 8/10

Une réflexion sur “12 Years a Slave

  1. Bonsoir,

    Je suis assez d’accord avec votre commentaire du film. Le film souffre d’un vrai problème lorsqu’il s’agit d’émouvoir le spectateur : sa seule manière de le toucher est de lui faire voir des scènes extrêmement violentes, crues, et il me semble assez douteuses sur le fond. Il est assez stupide je pense de résumer l’esclavage à de la violence physique or le film ne fait que ça : à aucun moment n’est abordée la question de l’ambiguïté du personnage (il s’agit tout de même d’un noir libre au départ, donc qui fait l’expérience de passer de l’autre côté du miroir). C’est ce que j’ai essayé d’expliquer plus en détail sur mon blog : http://lanuitartificielle.wordpress.com/

    Au plaisir de vous relire !

Laisser un commentaire